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« Étudier en France coûte trop cher »

La rentrée a sonné pour les quelque 2,5 millions d’étudiants de France. Une période où les dépenses s’accumulent, estimées cette année à 2 335 euros par la Fédération des associations générales étudiantes (Fage, -6.8% sur un an). On a demandé à Alexandre Leroy, son président, quelles sont les difficultés auxquelles font face les étudiants.

Comment évolue le budget étudiant pour la rentrée ?

On note une baisse de 6.8% des frais de rentrée -liés à l’installation-, grâce surtout à la diminution des frais d’agence qui découlent des dispositions de la loi ALUR (accès au logement et à un urbanisme rénové, ndlr). Cela représente 42% d’économie pour les étudiants, soit 200 euros en moyenne sur un budget total de 2 335 euros pour cette rentrée.

Il y a ensuite les autres postes budgétaires mensuels, plutôt en stagnation, avec un panier de consommation -comprenant notamment l’alimentation- qui n’évolue pas énormément. Le transport est en baisse car plusieurs territoires ont fait des efforts, à l’instar de l’Ile-de-France qui a instauré un tarif unique (pour le pass Navigo, ndlr). Les loyers, eux, n’augmentent pas, or c’est le premier poste de dépense d’un étudiant, avec près de 40% de son budget.

A quelles difficultés les étudiants sont-ils confrontés en matière de logement ?

Sur cette question, la France connaît une situation particulière, car nous sommes l’un des trois pays d’Europe où le départ du domicile familial intervient le plus tôt. Or les CROUS* ne répondent qu’à 7% des besoins en logement des étudiants, qui ont aussi de moins en moins accès au logement social.

Il y a également la question des petites surfaces en centre-ville, dont les loyers sont ceux qui ont le plus progressé ces dernières années. La crise faisant, ces logements n’attirent plus les seuls étudiants mais aussi de jeunes travailleurs ou de jeunes couples. On a donc une offre pas extensible avec un public décuplé. Face à cela, il faut donc construire plus et faire en sorte que les mairies respectent leur quota imposé de construction de logements sociaux.

Qu’en est-il des dépenses de la vie courante ?

Ce qui pèse le plus, ce sont généralement les transports, où il n’y a pas que le seul abonnement aux transports en commun mais aussi les allers et retours pour aller voir la famille le week-end. L’accès aux soins, lui, est pour le moins mauvais. Un étudiant sur trois va encore y renoncer cette année, en raison de leur complexité, de leur prix ou de leur délai de traitement. Avec des remboursements qui peuvent mettre trois à six mois, les prestations chez les spécialistes vont être retardées, ce qui risque de permettre le développement de pathologies plus graves.

Il y a aussi l’alimentation et les produits d’hygiène. Sur ce point, les prix à la consommation n’évoluent pas beaucoup, ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle, car pour les étudiants comme pour les autres, le coût de la vie augmente bien plus vite que la capacité à y faire face.

Pour faire face, justement, beaucoup doivent travailler en marge de leurs études. Cette population d’étudiants-salariés est-elle en augmentation ?

Étudier en France coûte trop cher. Il faut savoir qu’aujourd’hui, seuls deux étudiants sur dix sont boursiers quand la moitié travaille. Si leur nombre ne progresse pas vraiment ces dernières années, en revanche, la part d’entre eux qui occupent un emploi sans rapport avec leurs études plus de douze heures par semaine -environ un quart- ne cesse d’augmenter. Ce qui double les risques d’échec et de décrochage.

L’économie collaborative a fait naître des concepts dédiés ou pouvant être utilisés par les étudiants (colocations, petits jobs..). Comment l’interpréter ?

A.L. : Positivement, dans la mesure où l’on est une organisation qui met en place ce type de solutions, comme dans le cadre des épiceries solidaires. Cela montre que contrairement à ce que disent certains politiques ou ce qui peut transparaître dans l’opinion, les jeunes ont encore un vrai sens de la solidarité. Ils savent s’organiser pour trouver des solutions à leurs problèmes sociaux. Cela illustre aussi que les réponses structurelles gérées par l’Etat n’existent pas et cela montre le creux de certaines politiques sociales, qui ne sont pas en adéquation avec la précarité des étudiants. En matière de logement alternatif, par exemple, le parc de logements sociaux compte encore très peu de collocations.

*les Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires gèrent notamment les cités universitaires

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