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Boursier sans aide mensuelle, l’étudiant « échelon zéro » est une espèce de plus en plus répandue dans les universités françaises. Entre petits boulots, astuces financières et restrictions, il tente cahin-caha de réussir ses études supérieures sans se priver de ses premiers moments hors du cocon familial.
Environ 650 000 étudiants (36%) dans le supérieur ont reçu une aide de l’État français pour l’année scolaire 2011-2012, dont 96% d’entre eux sur critères sociaux. Selon le rapport sur l’état de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sorti début 2013, le nombre d’étudiants boursiers sur critères sociaux a crû de 4,6% en 2011 par rapport à l’année précédente.
Mais, parmi eux, les disparités sont grandes entre les bénéficiaires d’une bourse mensuelle (échelons 1 à 6) et les étudiants « échelon zéro ». Ces derniers sont considérés comme des boursiers, mais ne sont exonérés que des frais de scolarité et de sécurité sociale au moment de l’inscription. Le reste de l’année, les dépenses courantes comprenant notamment loyer, charges, électricité, nourriture, transport, et les frais liés aux sorties et aux loisirs restent à leur charge et/ou à celle de leur famille. Ils peuvent cependant bénéficier des aides de la CAF s’ils résident dans un logement qui n’est pas le foyer familial.
Les étudiants dans cette situation sont de plus en plus nombreux en raison notamment de la modification des barèmes en 2008. Cette année-là, ils ont été 17% de plus (par rapport à 2007) à prétendre à l’échelon zéro alors qu’en moyenne pour les autres tranches d’aides, l’augmentation n’a été que de 2,5 à 3%. Pour ces étudiants, trop « riches » pour percevoir une bourse mensuelle, mais dont les parents n’ont pas les moyens de répondre à tous leurs besoins, le quotidien est rythmé par les petits boulots et les bons plans pour assurer un mode de vie d’étudiant lambda.
Un travail en parallèle au quotidien
Charlotte 20 ans, est étudiante en 2e année de licence au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Boursière « échelon zéro » depuis trois ans, elle travaille pour financer ses dépenses quotidiennes: « Je donne des cours particuliers de flûte et je fais du baby-sitting pour un total d’environ 500 euros par mois. Mes parents ne paient que le loyer de mon petit studio de 14 m2. Pour le reste, je me débrouille et quand je dois faire face à des frais inhabituels, il m‘arrive soit de piocher dans mes économies, soit de demander une rallonge, mais j’évite au maximum ». Même son de cloche du côté d’Elsa, 22 ans, qui termine son master 2 d’histoire : « C’est la première année où j’ai le temps de faire du baby-sitting. Avant, j’ai fait deux ans de prépa littéraire puis un double diplôme. Cet argent me permet de compenser la perte de mon aide au mérite (200 euros mensuels) à la fin de ma licence ».
Les rois des bons plans
Paul, 22 ans, en master 2 de management interculturel à l’ISIT (Institut de communication et de management interculturels) change de situation quasiment tous les ans. En effet, son père, journaliste, travaille à la pige et assure des missions ponctuelles. Les revenus de ses parents sont donc très fluctuants. Pour sa cinquième et dernière année d’étude, à Paris, il s’est retrouvé au-dessus des barèmes de bourse, perdant en plus des exonérations habituelles, son aide au mérite : « J’ai mis de l’argent de côté grâce à mes petits boulots de l’été. Aujourd’hui, je travaille pour un organisme d’enseignement particulier, mes parents financent le loyer et grâce à ma famille, j’ai réussi à trouver un appartement en colocation vraiment pas cher ». La colocation, une solution qu’a aussi adoptée Elsa : « Je vis dans un petit studio avec mon copain et une fois les APL déduites, il nous reste 200 euros chacun à payer. Pour les fins de mois difficiles, c’est courses dans les magasins discount et fins de marché pour récupérer fruits et légumes à moindre coût ».