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Le Bon Coin : « Les Français adorent jouer à la marchande »

Co-fondateur et directeur général du Bon Coin, Olivier Aizac est devenu un acteur référent de la consommation française. Pour Touslesbudgets.com, il revient sur ce que nous dit le succès de ce site de petites annonces sur la société française et sur la manière de consommer de nos concitoyens.

TLB : Alors que l’on parle beaucoup de consommation collaborative, pensez-vous en faire partie ?

Olivier Aizac : Oui, même si nous préférons parler de consommation solidaire et raisonnée. Nous sommes un média qui permet aux particuliers qui ont des objets à vendre de le faire. Nous participons à un changement des comportements. Il y a un mouvement qui nous fait passer d’une société du jetable à plus de raison. Une importante motivation de nos utilisateurs est aussi de rendre service et de ne pas gaspiller en proposant à bas prix des produits dont ils n’ont plus l’utilité. On le voit beaucoup avec les poussettes et les vêtements pour bébés par exemple. Ce que nous pouvons mettre en évidence, c’est que la consommation collaborative est très liée à Internet. C’est ce qu’on appelle la désintermédiation. Moins d’intermédiaires entre acheteurs et vendeurs et donc des meilleurs prix qui vont permettre de trouver des biens plus abordables qu’ailleurs.

TLB : Pourtant, les petites annonces entre particuliers et les vides-greniers sont des choses qui existent depuis longtemps…

O.A. : Oui, et on l’assume, c’est de là que nous venons. Notre modèle c’est le petit papier que l’on laissait sur la caisse de la boulangerie du quartier. Internet nous permet de le faire à une plus grande échelle, et de manière simple, gratuite et plus complète avec des photos, du texte… On considère donc qu’on participe au développement des ces nouveaux usages sûrement favorisés par un contexte économique compliqué mais aussi par une prise de conscience écologique qui nous pousse à arrêter de consommer n’importe comment.

TLB : Vous sentez-vous en concurrence avec les commerces de proximité ?

O.A. : Pas tant que ça. Déjà, pour pouvoir vendre des produits d’occasion il faut avoir des produits neufs à un moment. Je pense surtout que tout commerce doit réfléchir à comment faire évoluer son offre, et sortir d’un système qui a conduit à quelques aberrations comme l’obsolescence programmée. Je pense que la problématique des commerçants c’est de s’adapter à ce nouveau système qui n’est plus basé sur des produits jetables. Mais nous sommes plutôt très soutenus et utilisés par les professionnels qui voient chez nous un moyen facile d’aller sur le net. C’est une manière pour eux d’apprendre l’usage du web.

TLB : 1 Français sur 3 visite votre site au moins une fois par mois, qu’est-ce que cela nous apprend sur les consommateurs ?

O.A. : D’abord que les Français adorent jouer à la marchande, compter, négocier, chercher… Finalement, la consommation ces dernières années était très codifiée avec des centres commerciaux, des magasins très décorés, très pensés et on s’aperçoit aujourd’hui qu’on est dans une activité parmi les plus anciennes du monde, l’échange. Et quand on revient à une solution basique, l’expérience est très excitante pour les consommateurs. Les retours que nous avons ce n’est pas uniquement : « Merci j’ai fait une bonne affaire ». C’est avant tout : « J’ai vécu une expérience d’achat hors du commun, j’ai rencontré quelqu’un, discuté… ». On va beaucoup plus loin qu’une simple transaction.

TLB : Identifiez-vous un rapport différent à la possession  ?

O.A. : En une ou deux générations, il y a eu une grosse évolution par rapport à l’objet. Les signes extérieurs de réussite ne sont plus uniquement basés sur les objets et la possession. Dans une ville comme Paris par exemple, le taux de possession de voitures est assez faible alors que c’était le symbole de la réussite par excellence. Mais cette évolution n’est pas juste liée à Internet. Il y a une prise de conscience générale. Je pense qu’aujourd’hui beaucoup de personnes cherchent un épanouissement autre que celui que la société de consommation a longtemps proposé.

TLB : Comment voyez-vous le futur de leboncoin.fr ?

O.A. : En continuant à accompagner cette bascule des modes de consommation. Il y a beaucoup de choses à faire sur la consommation collaborative, de solidarité ou de proximité, au niveau des services notamment. Et puis la vente d’occasion ne se limite pas aux particuliers. Pour les pros c’est un marché important et dynamique où nous voulons nous développer. Comment permettre aux professionnels d’avoir leur place sur le site ? Comment accompagner les besoins d’échanges, de proximité, et de partage de savoir entre particuliers ? Et comment être un acteur de toutes ces évolutions de la consommation ? Ce sont les défis que nous avons a relever. On a fourni un outil qui a accéléré les choses et on a envie de continuer sur cette vague là.

Propos recueillis par Julien Auduc

© Raphael Demaret

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