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Troquer son savoir-faire à l’Accorderie, le concept solidaire canadien qui se développe

L’Accorderie du XIVe arrondissement, qui a ouvert début 2013, est une des plus récentes parmi les six existant en France. En ce début de soirée estivale, quelques-uns de ses 97 « accordeurs » sont réunis pour une « rencontre conviviale » dans son petit local proche de la Porte de Vanves, dans le sud de Paris, autour d’un buffet.

Teresa Bonzano, 63 ans, Française d’origine italienne, est une des premières adhérentes. « Au départ, j’avais besoin de quelqu’un qui vienne me chercher à l’hôpital », explique-t-elle. « C’est Nathalie qui l’a fait ».

En échange, Teresa a donné un cours d’espagnol à Pierre Moreau, 72 ans, l’un des bricoleurs. « Je suis veuf depuis un an et vais souvent en Espagne », explique ce dernier. « Avant, je rendais service à ma kiné quand elle avait besoin de travaux de bricolage. J’ai vu ça dans le journal et je me suis inscrit. Je suis très occupé, car j’ai beaucoup d’activités, danse, marche rapide … Mais je vais essayer de donner une journée par semaine à l’Accorderie ».

Teresa a également animé un « atelier pâtes » et donné des cours d’espagnol aux enfants de Bouchra Thabet, 34 ans. Cette Marocaine installée en France depuis six ans voulait initialement de l’aide pour améliorer son français, et propose en échange de faire de la cuisine ou de la couture. Sylvie Féau, 63 ans, retraitée, adepte de sophrologie, a pour sa part donné « trois ou quatre séances de relaxation » et aidé l’Accorderie à fabriquer des stands d’information. Elle cherche quelqu’un pour lui faire du repassage et des « petits déménagements ».

Aider au lien social

Chaque « accordeur » reçoit à son adhésion un crédit de 15 heures, et ensuite une heure de service rendu lui donne droit à une heure de service reçu. Accomplir une tâche pour l’Accorderie permet aussi d’alimenter son crédit d’heures, explique Aude Leveillé, salariée de la Régie de quartier Flora Tristan et responsable de l’Accorderie du XIVe.

Parmi ceux qui ont poussé la porte, parce qu’ils avaient besoin d’aide, voulaient « se rendre utiles » ou « rompre un certain isolement », figurent une majorité de femmes (plus de 70%), dit-elle. Ils sont salariés, chômeurs ou retraités, et plusieurs générations se côtoient (quelque 40% ont moins de 45 ans).

« J’ai découvert l’Accorderie au Québec en 2008 et mon sang n’a fait qu’un tour », se souvient Alain Philippe, président de la Fondation Macif, qui a importé en France ce concept d’échange de services destiné à « lutter contre la précarité et la pauvreté, favoriser la mixité sociale, aider les gens à prendre conscience de leur +capacité à faire+, et aider au lien social ».

La première Accorderie française a été inaugurée en décembre 2011 dans le XIXe arrondissement de Paris. Elle compte aujourd’hui 560 adhérents.

Depuis, trois ont ouvert dans d’autres quartiers populaires de la capitale (XIVe, XVIIIe et « Grand Belleville » pour les Xe, XIe et XXe), avec la subvention de la Fondation Macif et le soutien financier de la Mairie de Paris et d’associations, une à Chambéry et une à Die (Drôme). Il y a environ 1.200 « accordeurs » en France.

D’autres encore sont prévues « avant la fin de l’année à Bordeaux et Montpellier, et un peu plus tard à Lille, Nantes, dans la région Rhône-Alpes, à Surgères en Charente-Maritime et à Mulhouse », détaille M. Philippe. Le rapport entre le coût d’une Accorderie (50 à 60.000 euros par an, principalement pour un responsable salarié, un local et un outil informatique) et son impact social est « très favorable », estime-t-il.

Autre projet dans les cartons: organiser des achats groupés (produits alimentaires, fournitures scolaires …) pour faire faire des économies aux adhérents.

touslesbudgets.com avec AFP

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