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« Les Français prêts à acheter leur voiture neuve sur Internet »

Touslesbudgets.com : Aujourd’hui, quelle est la place d’Internet dans le processus d’achat d’un véhicule neuf ?

Emmanuel Gavache : Il faut savoir que 96% des acquéreurs de nouveaux véhicules ont pris de l’information sur le net. A l’heure actuelle, il s’agit pour eux du principal lieu d’information. On l’a déjà constaté par le passé, mais ça se perpétue. En revanche, la nouveauté qui marque une vraie rupture, c’est que les gens ne se focalisent plus uniquement sur les sites des constructeurs, mais vont aussi chercher par le biais des moteurs de recherche. L’an dernier, 47% sont passés par les sites de constructeurs et 35% par les moteurs de recherche. Cette année, on est à 54 et 52%.

TLB : Les Français sont-ils prêts à acheter leur voiture en ligne ?

E.G. : Effectivement, cette année et pour la première fois (l’étude en est à sa quinzième édition, ndlr), on constate que presque un Français sur deux -48%- est prêt à aller jusqu’à l’achat final de sa voiture sur Internet. La tendance n’était pas aussi marquée l’an dernier, où 39% des personnes interrogées se disaient prêtes à acheter en ligne. Toutefois, l’achat ne sera pas totalement dématérialisé : le client garde la volonté d’avoir un contact physique avec son futur véhicule.

TLB : A quoi attribuez-vous cet intérêt croissant pour l’achat sur Internet ?

E.G : En premier lieu, le consommateur espère y trouver de meilleurs prix et gagner du temps, par le biais d’une transaction plus fluide. Et l’achat sur Internet s’est banalisé : avant, on ne s’y voyait pas effectuer de gros achats ou de grosses dépenses. On sentait une réticence forte qui est en train de disparaître, en raison d’un changement sociétal et démographique. La population rajeunit en France, avec l’arrivée sur le marché d’une génération « Y » qui n’a pas peur de faire de gros achats sur le net. Sans surprise, ce sont d’ailleurs les 18-34 ans qui sont le plus enclins à acheter leur voiture en ligne. C’est une tendance pérenne, pas un simple effet de mode.

TLB : Sur ce point, la France est-elle plus ouverte que d’autres pays ?

E.G. : Elle l’est plus que certains pays « matures », comme les États-Unis et l’Allemagne. La France se situe au même niveau -47 ou 48% d’intentions d’achat- que le Brésil ou la Corée du Sud. Ce sont les Chinois qui sont le plus tentés par l’achat en ligne -61% des sondés-. Lorsque l’on sait que la Chine va peser 50% du marché automobile mondial d’ici 2020, on voit bien qu’il s’agit d’une tendance à prendre en compte.

TLB : Le développement de l’achat sur Internet est-il une mauvaise nouvelle pour les concessionnaires ?

E.G. : Sans réaction de leur part, oui. Sinon, cela peut être une opportunité pour eux. Pour acheter leur voiture en ligne, deux fois plus de consommateurs sont prêts à faire confiance à l’achat en ligne sur le site d’un constructeur ou d’un concessionnaire qu’à l’achat sur un site généraliste, type Amazon ou autres. D’où une réelle opportunité pour les concessionnaires, qui ont l’énorme avantage de connaître le marché et surtout le client. Et les sites web, tout le monde peut s’y mettre. Si les concessionnaires ou les constructeurs ne s’y mettent pas, d’autres le feront à leur place. Là, ce serait néfaste pour eux, car ces sites généralistes vont vouloir négocier auprès de ces derniers et seront ainsi capables de proposer des prix inférieurs au reste du marché.

TLB : Les Français restent-ils malgré tout attachés à la concession automobile ?

E.G. : Oui, à plus de 56%, et c’est un revirement que l’on observe depuis deux ans. Les Français sont attachés à une concession et pas forcément à une marque. Mais tout cela n’est pas si paradoxal. Prenez l’exemple de Apple, qui vend en ligne et en magasin avec ses Apple Centers, où il a augmenté la qualité de ses services : c’est dans cette direction que doit évoluer la concession.

TLB : A quel horizon un marché de la vente de voitures neuves en ligne pourra-t-il vraiment voir le jour en France ?

E.G. : Avec 48% d’intentions d’achat sur un marché très mature comme celui de l’automobile, ça peut être instantané. En tout cas, avant les cinq prochaines années. Après, on ne sait pas si ça peut contribuer à relancer le marché automobile en France, sauf si les prix baissent. Ce qui est sûr, c’est qu’une partie du marché actuel sera capté par ce mode de distribution.

Propos recueillis par Benjamin Hay

>> Lire aussi : Sur le Net, des pièces détachées à prix cassé

* Étude Cars Online, réalisée sur plus de 10 000 consommateurs en France et dans le monde

**Étude Frost & Sullivan, 2014

© Gudellaphoto – Fotolia.com

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