En France, un peu plus de la moitié des 27,4 millions d’actifs utilisent leur voiture pour se rendre au travail. C’est sur ce terrain qu’entend s’imposer IDVroom, le service de covoiturage lancé par la SNCF en septembre dernier. Touslesbudgets.com est allé en savoir plus auprès d’Olivier Demaegdt, directeur général de la plateforme.
Touslesbudgets.com : Qu’est-ce qui a motivé la création d’un service de covoiturage par la SNCF ?
Olivier Demaegdt : La SNCF intervient déjà dans de multiples secteurs au-delà du train -IDBus, IDCab, vélos en libre service…-. Nous avons jugé pertinent pour le groupe d’inclure le covoiturage dans notre stratégie d’offre afin de proposer un panel de services complet. Vu que nous avions investi dès 2008 dans le portail 123-en-voiture, nous l’avons développé en interne plutôt que noué un partenariat.
TLB : Quel est l’objectif d’IDVroom ?
O.D. : L’ambition est de développer le trajet du domicile à la destination, un trajet quotidien vers le lieu de travail, plutôt qu’amener les gens de gare en gare.
TLB : N’est-ce pas une concurrence au train ?
O.D. : La logique est de combler le vide laissé là où l’offre de train n’est pas complètement présente et là où il n’y a pas de gare. Il y aura une concurrence parfois, mais les trois-quarts des gens qui covoiturent entre leur domicile et leur travail ne sont pas des gens qui prenaient le train auparavant.
TLB : Quelle est la différence entre IDVroom et les principaux opérateurs du secteur (BlaBlaCar, etc.) ?
O.D. : Le cœur de notre stratégie est le trajet quotidien, pas le loisir. Celle de BlaBlaCar aujourd’hui, c’est la longue distance. Nous sommes en train de créer un marché où il y a besoin d’une masse d’utilisateurs beaucoup plus forte que sur du loisir. Ce sont des métiers complètement différents qui ne sont pas en concurrence frontale, même si on peut aussi faire de la longue distance sur IDVroom, mais on n’a pas encore les utilisateurs et ce n’est pas l’objectif.
TLB : Partager sa voiture pour aller au travail est-il devenu quelque chose de « banal » ?
O.D. : Le covoiturage entre le domicile et le travail existe depuis que la voiture existe. Il se développe de plus en plus sur le territoire car les départements mettent en place des aires de covoiturage qui sont remplies et pas par des utilisateurs de covoiturage longue distance. C’est une pratique en train d’exploser grâce à différents facteurs -le contexte économique, la préoccupation environnementale, la recherche de bon plan, la convivialité de la pratique etc.-.
TLB : Comment fonctionne le service ?
O.D. : On dépose une annonce de covoiturage domicile-travail sur le site, on y rentre ses jours de disponibilité, ses horaires… Si quelqu’un fait une recherche pour ce trajet, on va pouvoir faire une demande pour rejoindre cet équipage. En parallèle, nous sommes en train de développer une application qui permettra de planifier à l’avance qui va conduire, quand, et de faire ses comptes.
TLB : Justement, comment se passe le paiement ?
O.D. : Les utilisateurs fixent eux-mêmes leur tarif et nous conseillons de faire les comptes toutes les semaines. Après, vous payez quand vous voulez. Mais l’application, qui sortira en avril, permettra de se souvenir de qui a fait quoi.
TLB : Quelle est l’économie réalisée par l’utilisateur ?
O.D. : On parle, pour IDVroom, d’un changement de pratique et d’une économie sur la durée. Sur un seul trajet, économiser deux euros ne changera pas votre vie. Sur une année, en revanche, vous pouvez économiser jusqu’à 500 ou 2 000 euros.
TLB : IDVroom est encore jeune -lancé en septembre-, est-il possible d’en tirer un premier bilan ?
O.D. : Cela fonctionne et nous avons reçu un très bon accueil de la part des utilisateurs. Le défi restant de créer une vraie identité pour le service. On est encore en phase de début.
TLB : Le covoiturage domicile-travail a donc de l’avenir ?
O.D. : Les aires de covoiturage débordent, même si ça ne fait pas grand bruit dans les médias. En province, il est impossible de ne pas avoir deux voitures, sauf pour ceux qui habitent en ville. On doit aller travailler en voiture, le TER n’est pas partout et la première gare est parfois à vingt kilomètres. Il y a un potentiel énorme, avec une pratique déjà très forte. Les gens ont un réel besoin, on n’est pas du tout dans l’effet de mode.
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Propos recueillis par Benjamin Hay – © kazy – Fotolia.com