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« La France est la première destination des voyageurs d’Airbnb en Europe »

Cette année, vous avez peut-être compté parmi les dix-sept millions de clients revendiqués par Airbnb dans le monde. Le site développe depuis sept ans son concept de location de logements entre particuliers, dans le sillage de l’essor de l’économie du partage en France et face au souci de partir en vacances malgré la crise. Une alternative à l’hébergement traditionnel dont Nicolas Ferrary, son directeur France, nous présente les contours.

Touslesbudgets.com : A quel besoin la formule répond-t-elle ?

Nicolas Ferrary : Les fondateurs d’Airbnb sont partis d’un besoin -le manque de logements temporaires- et d’une envie -changer la façon de voyager-. Airbnb a fait évoluer le secteur de la location de vacances en l’étendant aux résidences principales par un système qui permet aux voyageurs d’avoir un regard plus local et de vivre une expérience plus authentique.

TLB : Pourquoi avoir adapté le concept à la France ?

N.F. : La France est la première destination des voyageurs Airbnb en Europe -un million de visites depuis 2008-. A l’inverse, un million de voyageurs français ont séjourné dans des logements Airbnb. Nous enregistrons par ailleurs une progression importante dans plusieurs régions françaises, avec +770% d’entrants par rapport à la même période l’année dernière en Corse, devant Deauville (+700%) ou Arcachon (+530%). A l’ouverture du bureau français en 2012, nous comptions 7 000 logements dans le pays, dont 4 000 à Paris. Aujourd’hui, Airbnb dispose de 70 000 logements en France et 25 000 à Paris.

TLB : A quoi attribuez-vous ce succès ?

N.F. : Au fait que l’économie du partage est aujourd’hui au cœur du secteur du tourisme. Mais d’autres facteurs expliquent également ce succès, comme l’évolution des mentalités et la recherche d’une nouvelle façon de voyager, plus locale et plus authentique, par la découverte d’une ville à travers des quartiers moins touristiques. Pour preuve, selon une étude menée par le site Iligo en mars dernier, 57 % des français déclarent être intéressés par la location de logements entre particuliers sur Internet et 78% considèrent que ces locations favorisent le lien social et permettent de faire des rencontres. La même proportion estime qu’elles offrent la possibilité de s’imprégner du mode de vie local.

TLB : Comment sont fixés les prix ?

N.F. : Sur Airbnb, ce sont les hôtes qui fixent leurs prix. Nous avons donc des chambres privées à quelques dizaines d’euros comme des logements de prestige à plusieurs milliers d’euros la nuit. Notre positionnement de plate-forme nous permet de brosser l’ensemble des possibilités, des plus économiques aux plus luxueuses.

TLB : Comment garantissez-vous la sécurité du paiement ?

N.F. : Notre système de paiement est fiable et sécurisé. Les transactions doivent néanmoins toujours avoir lieu sur le site : s’il y a bien une règle d’or -avant, pendant et après une réservation-, c’est celle de rester sur le site. Seule cette mesure apporte toutes les garanties offertes par Airbnb. Lorsqu’un voyageur envoie sa demande de réservation à un hôte, il entre ses informations de paiement et nous pouvons mettre en place une autorisation de débit.

En cas de retrait, de refus ou d’expiration de la demande de réservation, nous n’effectuons pas le débit. Par ailleurs, si la réservation est acceptée, le paiement est traité et intégralement perçu par Airbnb. Que la réservation soit dans deux jours et dans deux mois, nous retenons le paiement jusqu’à 24 heures après l’entrée dans les lieux avant de libérer les fonds. Cela donne notamment le temps aux deux parties de vérifier, lors de l’entrée dans les lieux, que tout correspond à ce qui était prévu.

TLB : Le succès d’Airbnb n’est-il qu’un symptôme de la crise ou se serait-il développé quel que soit le contexte économique ?

N.F. : Il est clair qu’il s’agit d’une opportunité pour les particuliers dans un contexte économique difficile. C’est une façon maligne d’utiliser ses ressources existantes, dont son propre logement. Airbnb permet à de nombreux utilisateurs d’arrondir leurs fins de mois dans un contexte de crise. Les hôtes touchent en moyenne 300 euros par mois, c’est un bon complément de revenus, permettant dans certains cas de conserver son logement. Mais Airbnb permet aussi de s’ouvrir au monde : améliorer son anglais, voyager en restant chez soi, découvrir de nouvelles cultures…

TLB : On reproche à Airbnb de faire une concurrence déloyale à l’hébergement traditionnel en échappant à la fiscalité. Que pouvez-vous y répondre ?

N.F. : La location de son logement via Airbnb n’échappe en rien à la fiscalité. Nos hôtes sont soumis à l’imposition de location saisonnière comme c’est le cas pour les autres acteurs du secteur. Ils doivent donc, par exemple, déclarer ces revenus complémentaires lors de leur déclaration d’impôts sur le revenu.

TLB : Le concept d’Airbnb est-il appelé à s’inscrire dans la durée ?

N.F. : Les indicateurs montrent que l’offre répond à un besoin et à une envie, celle de voyager autrement. Elle s’inscrit donc dans la durée et continuera à se développer dans les années à venir. Par ailleurs, nous améliorons sans cesse l’expérience de nos utilisateurs via la plate-forme et testons de nouveaux services pour la rendre encore plus plaisante.

Propos recueillis par Benjamin Hay

Capture d’écran Airbnb.fr

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