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Twingo troisième du nom est sortie il y a un an en France. L’occasion de revenir sur la saga d’une voiture emblématique de la marque Renault. Un véhicule dont chaque génération a connu un environnement et des caractéristiques bien différents.
Acte I : naissance d’une impertinente
L’histoire commence au Mondial de l’automobile de Paris en 1992. Renault y présente sa nouvelle petite citadine, ronde et colorée. Twingo est née. « On a voulu révolutionner ce segment du marché en changeant le regard sur la voiture avec un véhicule culotté et impertinent », se remémore Pascal Biclet, chef de produit marketing sur Twingo III. Disponible en sept couleurs, elle est vendue au prix de 55 000 francs (environ 8 400 euros). Elle se destine plutôt à une clientèle jeune, afin de devenir la seule ou la seconde voiture du foyer. Cette première Twingo n’est disponible qu’en motorisation essence et se décline au fil du temps en une trentaine d’éditions spéciales (Kenzo, Benetton…).
Coté ventes, « on a eu des années très fortes au démarrage, se rappelle Pascal Biclet. Ça a beaucoup baissé ensuite », à partir du milieu des années 2000. En 2007, dernière année d’exploitation, les ventes chutent (32 477 unités) et la production s’arrête au bout de quatorze ans en Europe (de 1993 à 1998 pour la Phase I, de 1998 à 2007 pour la Phase II) et vingt ans en Amérique du sud, une durée de vie « très longue », souligne-t-on chez Renault. Pour l’anecdote, pendant longtemps, la première Twingo est demeurée la voiture la plus volée en France (encore 1ère en 2012, 3e en 2013, selon l’hebdomadaire Auto Plus). Près de 2,5 millions de Twingo première génération se sont écoulées en quatorze ans.
Acte II : l’âge de raison
Twingo II est l’une des têtes d’affiche du mondial de Paris en 2006. Présentée sous une version sportive, elle est commercialisée dès 2007, cette fois avec une motorisation essence et diesel. « On a voulu garder un certain nombre d’acquis, notamment une grande habitabilité intérieure, explique-t-on du coté de la marque au losange. En revanche, il y a eu un véritable saut entre Twingo I et Twingo II, à qui on a donné plus de polyvalence, avec une tenue de route extra-urbaine ».
Cette deuxième version est en effet construite sur la base des capacités routières de la Clio II. Mais c’est davantage le changement de design qui saute aux yeux. « On a assagi un peu la voiture, en lui donnant un coté plus rigoureux, moins citadine, plus allongée, explique Pascal Biclet. On la voulait plus consensuelle, capable de plaire à plusieurs nationalités (Twingo 1 n’ayant, par exemple, pas rencontré le succès escompté en Espagne, ndlr) ».
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Du coté du constructeur, on reconnaît aujourd’hui que la Twingo a « perdu du peps » avec cette deuxième version, qui ne sera commercialisée « que » sept ans, deux fois moins que sa devancière. Un signe d’échec ? « Non, c’est le cycle de vie normal d’un véhicule, et les clients ont désormais plus d’attentes par rapport à la nouveauté », se défend Pascal Biclet. Proposée à 7 990 euros lors de son lancement, la prime à la casse a boosté ses ventes en 2009-2010. Son abandon en fin d’année et les premiers effets de la crise ont entraîné une forte réduction des achats sur l’ensemble du segment des petites citadines.
En comptant les ventes à l’étranger, ce sont environ 100 000 Twingo II qui se ont trouvé preneur en 2012, un peu plus de 80 000 en 2013, en majorité pour devenir la seconde voiture du foyer. Au total, près d’un million d’exemplaires se sont écoulés à travers le monde en sept ans.
Données Comité des constructeurs français d’automobile
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Ce troisième volet s’est ouvert au mondial de Genève, en mars dernier, avec la présentation de la Twingo III. Rayon changements, il y a beaucoup à dire : un moteur à l’arrière, une version cinq portes, 10 centimètres de longueur en moins pour 22 centimètres d’habitabilité en plus. « On a voulu revenir à l’ADN de Twingo I, à savoir une voiture très compacte à l’extérieur mais offrant beaucoup d’habitabilité », explique Pascal Biclet. Retour aux couleurs qui se remarquent (blanc, jaune, rouge et bleu clair),… et retour à l’absence de diesel. Cette troisième mouture proposera deux moteurs essence (70 et 90cv, avec turbo pour ce dernier, et une consommation annoncée de 4,2 et 4,3l/100km). Ce sera tout. « A l’époque de Twingo II, le diesel avait le vent en poupe, justifie Pascal Biclet. Or aujourd’hui, la disparition du diesel se profile sur le segment A ». En cause, le règlement européen Euro 6, qui durcira à partir de septembre 2015 les dispositions en matière d’émissions polluantes. Au prix d’un surcoût de production qui se ressentira sur le prix de vente. « Le diesel ne deviendra plus rentable, à moins de rouler beaucoup, ajoute-t-on du coté de chez Renault. Or sur le segment A, les conducteurs font en moyenne 10 000 kilomètres par an ».
La clientèle ciblée se rapproche de celle… de Twingo I, des acheteurs « qui cherchent une voiture (seconde ou première) avec plus de style, de personnalisation pour se l’approprier, une voiture plus iconique », avance Pascal Biclet. Pour les séduire, Renault mise sur un meilleur angle de braquage des roues pour une grande maniabilité, « le premier critère d’achat sur les petites voitures devant le prix et le design », précise le directeur du projet. Le constructeur mise aussi sur la connection radio-smartphone (via application mobile), avec connexion entre le smartphone et l’ordinateur de bord. Mais aussi une offre « R-Link », incluant écran tactile, système de navigation, commande vocale et connexion à Internet.
La nouvelle Twingo ne sera commercialisée qu’à partir de ce mois-ci, à un prix compris entre 10 800 euros pour le modèle Life essence et 15 700 euros pour la Twingo SL Edition One essence. « En général aujourd’hui, sur le marché, on a des prix assez équivalents pour plus d’équipement, explique le chef du projet Twingo III. Peu de biens ont aussi peu suivi l’inflation en ayant plus d’équipements ».
Au final
Après vingt-et-un ans d’exploitation de cette voiture pas banale, quel bilan en tirer ? « Un bilan très positif, Twingo fait partie des pépites de Renault, se félicite-t-on chez le constructeur. On a vendu 3,3 millions de voitures, soit plus de 150 000 par an. C’est un pilier de la marque en Europe, très positif en matière d’image, que les gens apprécient beaucoup et qui tire l’image de marque de Renault ». Sur un segment des citadines qui représente à peine 9% du marché, elle aura fort à faire face à une douzaine de concurrents… contre deux principaux en 1993 (Citroën Saxo et Peugeot 106). Une chose est sûre : elle fera certainement de nouveau beaucoup parler d’elle. La publicité l’affirmait déjà, en 1994 : « Twingo n’a pas une conception trop carrée de l’existence ».
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* données Comité des constructeurs français d’automobile
Benjamin Hay – ©Wikimedia Commons-?R.Stricker/LucasDesign – Renault