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Supermarchés, grand écart sur les prix

Près de 500 kilomètres séparent le magasin Leclerc de Lanester (Morbihan) et le Monoprix de Sceaux (Hauts-de-Seine). Et 121 euros sur un même panier de 78 produits* (respectivement 273 contre 394 euros), selon l’étude de l’UFC-Que Choisir, parue dans son mensuel de mars. Le montant de ce panier prédéfini atteint 314 euros en moyenne sur l’ensemble du territoire (+0.2% par rapport à 2012), où les écarts de prix sont parfois notables. « L’aspect immobilier joue pour les grosses agglomérations et un peu dans le sud-est de la France, mais la question fondamentale, c’est celle de la concurrence, explique Florent Vacheret, rédacteur en chef du mensuel Linéaires. Depuis 50 ans, Leclerc donne le tempo au niveau des prix. Plus il est fort sur une zone, plus il oblige ses concurrents à tenter de s’aligner. Pourquoi le nord-ouest de la France est le moins cher ? Parce que Leclerc y est très présent ».

Ce qui expliquerait, à l’inverse et pour partie, la chéreté d’un Monoprix (groupe Casino) à Paris, en situation de quasi-monopole. « Plus l’immobilier est cher, plus le coût d’exploitation s’en ressent, constate Florent Vacheret. Il est logique que Monoprix soit plus cher que Leclerc; qu’il y ait 20% d’écart, c’est une autre question ».

Autre paramètre avancé : des coûts d’exploitation variables selon la surface et le volume de vente, la structure ou les services proposés (livraison, etc.). « Tous les magasins ne sont pas dans la même situation financière, précise M.Desouches, porte-parole de Système U, quatrième groupe de grande distribution en France. Et le gérant d’un magasin qui vient d’être crée s’endette de manière importante ».

Le développement des comparateurs en ligne a toutefois incité les magasins gérant localement leur marge « à ne pas faire n’importe quoi », assure M.Desouches. Car le prix de l’alimentation reste une vraie préoccupation pour les ménages : selon l’Union nationale des associations familiales (Unaf), l’alimentation représente ainsi 27% de leur budget (+3.7% en deux ans).

« La sensibilité au prix reste très forte »

Selon l’Observatoire des prix 2013 de l’association Familles rurales, les prix ont baissé en hypermarchés (-0.08%) et supermarchés (-2.49%) -au contraire des hard-discount-. Une légère diminution que le consommateur ressentirait. « La sensibilité au prix reste très forte en France, affirme Florent Vacheret. Les gens ne connaissent pas les prix dans le détail, mais ont une vision très précise du montant de leur panier pour un type de courses donné ».

Selon le spécialiste, la guerre des prix est plus forte dans les zones à densité de population moins importante, où « l’on est prêt à faire deux kilomètres de plus si le magasin est moins cher de 5%. Monoprix, en ville, a une clientèle plus âgée, plus urbaine. S’il augmente ses prix de 5%, ce n’est pas grave. Pour Carrefour, c’est 20% de clientèle en moins ». Entre magasins, constate Florent Vacheret, l’acheteur accepte plus facilement les écarts sur les fruits et légumes (« il sait que le prix est variable ») que sur les produits « génicodés ». Comprenez l’épicerie au sens large, des produits d’hygiène au Nutella ou Coca-Cola, « plus sujets aux écarts de prix et plus facilement comparables. Il y a une vraie bagarre sur ces produits-là ».

Avec 761 euros mensuels consacrés à l’alimentation pour une famille de deux adultes et deux enfants de 6 à 13 ans, selon l’Unaf, les écarts de prix selon l’environnement du magasin peuvent sembler injustes. « Non, ce n’est pas injuste, tempère Florent Vacheret. A partir du moment où les prix sont libres et le client libre de faire ce qu’il veut, chacun mène sa barque comme il le veut. Oui il y a des différences, mais le niveau de compétitivité en France est excellent ». Les dépenses alimentaires des ménages ont diminué de 0.5% en janvier selon les derniers chiffres de l’Insee.

Benjamin Hay

*enquête menée sur les prix de 3 048 magasins hors discount, sur un panier de 78 produits (65% de marques nationales et 35% de marques de distributeurs)

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Supermarchés : quand comparaison n’est pas raison

Le top 10 des enseignes   les moins chères | Create Infographics

Données UFC-Que Choisir. Prix moyen d’un même panier de 78 produits. Etude sur la base de 3 048 magasins visités en septembre 2013

© Gina Sanders – Fotolia.com​

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