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Mal entendre peut coûter cher

A peine un Français sur deux qui devrait porter un appareil auditif en est équipé. Un taux bas en raison, notamment, du faible remboursement de ces dispositifs. La France est l’un des pays qui les indemnise le moins.

L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) estime qu’entre 2,5 et 3 millions de Français auraient besoin de porter un appareil auditif. Et qu’à peine 1,5 million est équipé de l’un de ces dispositifs, délivrés uniquement sur ordonnance. « Chez ces 50% de non-équipés, il y a un blocage psychologique important, car le fait de mal entendre est souvent mal perçu, affirme Luis Godinho, président du syndicat national des audioprothésistes (Unsaf). On est un peu dans le déni, ce qui explique qu’il s’écoule sept ans en moyenne entre les premières gênes auditives et l’achat d’un appareil ».

Selon le syndicat, 20% des non-équipés qui devraient l’être y renoncent en raison du coût et du faible remboursement des appareils auditifs. Toujours à en croire l’Unsaf, un appareil coûte en effet, en moyenne, 1 535 euros (comprenant l’appareil lui-même, l’analyse initiale, l’adaptation et les réglages du matériel et le suivi étalé sur environ cinq ans). C’est moins cher que chez nos voisins (1 800 euros en Espagne, 2 000 euros au Royaume-Uni), notamment sur le haut de gamme. Mais eux remboursent mieux : 600 euros en Belgique ou 840 euros en Allemagne… contre 119,83 euros en France. Auxquels il faut ajouter les 350 euros octroyés en moyenne par les complémentaires santé, selon l’Unsaf.

Reste donc à la charge du patient environ 1 000 euros. A ce prix-là, certains renoncent. Et pas forcément ceux que l’on croit. « En matière de prothèses dentaires, plus on a de revenus, plus on s’équipe, rapporte Luis Godinho. Or dans notre domaine, pas forcément. On est moins équipés en-dessous de 20 000 euros de revenu annuel. Mais entre 20 000 et 60 000 euros, le taux d’équipement est quasiment le même ».

Payer plus pour entendre mieux

Alors, trop chères, les prothèses auditives ? « Ce qui coûte cher dans un appareil, c’est la recherche, le laboratoire avec ses physiciens qui font des tests, pour permettre au patient de comprendre dans le bruit, justifie Joël Assayag, responsable audiologie chez Optical Center. Et à la différence de l’optique, dans l’audition, il faut monter en gamme pour entendre mieux ». Donc payer plus cher pour un matériel dont la durée de vie est en général de quatre à cinq ans.

Pourtant, du coté de l’Unsaf, on assure que peu de patients négocient le prix de l’appareil, « car on ne voit pas ça comme de la consommation, mais comme de la santé pure. De plus, les études montrent que l’audioprothèse est inélastique au prix : ce n’est pas parce qu’on le baisse de 10 à 20% que les gens vont acheter plus ». Le prix moyen des appareils tendrait à diminuer, selon les spécialistes, qui rappellent que « les premiers appareils numériques apparus en 1996, déjà aux alentours de 2 000 euros et bien moins efficaces que ceux d’aujourd’hui ».

Chaque année, quelque 500 000 appareils sont délivrés pour les adultes par 2 700 audioprothésistes. Sous l’effet du vieillissement de la population, le marché, qui concerne trois-quart de seniors, devrait continuer à croître dans les prochaines années. Mais que les jeunes adeptes du casque dans les oreilles se rassurent. « Ils n’auront pas de problèmes auditifs à 25/30 ans, mais les auront juste plus tôt, à 55/60 ans ». En France, six millions de personnes souffriraient à divers degrés de problèmes auditifs.

 

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